La servante écarlate - Margaret Atwood


Publié en 1985, La servante écarlate est une dystopie poignante dans laquelle les femmes doivent faire face à de très nombreux interdits. Defred relate son quotidien au sein de la famille à laquelle on l'a assignée...

Éditions : Robert Laffont

Quatrième de couverture :
"Il nous est interdit de nous trouver en tête à tête avec les Commandants. Notre fonction est la reproduction [...]. Rien en nous ne doit séduire, aucune latitude n'’est autorisée pour que fleurissent des désirs secrets."
Dans un futur peut-être proche, dans des lieux qui semblent familiers, l'Ordre a été restauré. L'Etat, avec le soutien de sa milice d'Anges noirs, applique à la lettre les préceptes d'un Evangile revisité. Dans cette société régie par l'oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L'une d'elle raconte son quotidien de douleur, d'angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d'une vie révolue, d'un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom.
Une œœuvre d'une grande force, qui se fait tour à tour pamphlet contre les fanatismes, apologie des droits de la femme et éloge du bonheur présent.

Bilan de lecture :
Dans la société patriarcale dépeinte par M. Atwood, la natalité est en chute libre. Les femmes pouvant encore procréer sont réquisitionnées et réduites à leur seule capacité de reproduction. On leur apprend à se taire et à se soumettre. Les servantes écarlates comme le reste de la population subissent une surveillance constante. Le moindre faux pas et c'est la déportation dans les Colonies ou pire...la mort.

Ce livre n'est pas une simple dystopie. C'est un livre féministe qui pointe du doigt les failles de nos propres sociétés et nous met en garde sur un futur dont la possibilité ne peut être écartée. Il propose également une réflexion sur la liberté, sur sa fragilité et la nécessité de se battre continuellement pour la préserver, de rester vigilants aux travers et dérives dans lesquels il est possible de tomber.

Plusieurs passages m'ont fait froid dans le dos parce qu'ils rappellent des événements qui ont existé.
C'était un des objectifs de l'autrice : ne pas inventer des (mé)faits mais puiser dans la réalité. Car on ne le répètera jamais assez : la réalité dépasse bien souvent la fiction.
« Je m'étais fixé une règle : je n'inclurais rien que l'humanité n'ait pas déjà fait ailleurs ou à une autre époque, ou pour lequel la technologie n'existerait pas déjà. Je ne voulais pas me voir accusée de sombres inventions tordues, ou d'exagérer l'aptitude humaine à se comporter de façon déplorable. »
On entre dans l'histoire "in medias res". Le fonctionnement de la société ne nous est pas clairement expliqué. C'est l'héroïne principale qui fournit des indications à mesure que l'on progresse dans le récit.
Les fluctuations temporelles (on passe du présent au passé en quelques phrases) embrouillent parfois le lecteur mais évoque avec force un psychique meurtri : l'héroïne est forcée de vivre au présent en s'accrochant à la possibilité d'un avenir meilleur mais elle est sans cesse rattrapée par un passé qui la hante. C'est justement à la lumière de ces bribes de passé auxquelles elle nous donne accès que l'on peut essayer de comprendre le présent dans lequel elle vit.

La servante écarlate est un récit fort, sombre, qui ne laisse pas indifférent. Il nous rappelle combien notre liberté est précieuse, combien il est important de ne jamais baisser notre vigilance et de continuer à nous battre pour toujours plus de justice et d'égalité entre les hommes et les femmes.

Commentaires

  1. Je ne sais pas quoi penser de cette autrice, ses romans ont l'air de partager. Je n'ai lu aucun de ses livres pour le moment même si j'aimerais bien découvrir ce côté féministe !

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  2. Je n'ai pas lu le livre mais j'en ai découvert son adaptation série, et elle m'a fait froid dans le dos. Un véritable uppercut,car effectivement, comme le voulait l'auteur, cette histoire parait tout à fait crédible ...
    Je lirai le livre je pense, et aimerais voir le film !

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